Focus sur le cannabis médical, ce nouveau traitement

Depuis son introduction en France en tant que traitement médical expérimental, le cannabis médical fait l'objet d'un intérêt grandissant. Alors qu'il entame sa troisième année d'expérimentation dans le pays, de nombreuses questions se posent encore autour de cette nouvelle approche thérapeutique. Le cannabis médical, qui consiste à utiliser des extraits de cannabis à des fins médicales, suscite à la fois de l'enthousiasme et des interrogations dans le milieu médical et la société en général. Qu'est-ce que le cannabis médical ? Quelles sont les conditions de son utilisation en France ? Quels sont les résultats obtenus jusqu'à présent ? Autant de questions auxquelles il est important de répondre afin de mieux comprendre les enjeux et les défis liés à cette nouvelle forme de traitement. Dans cet article, nous allons faire le point sur le cannabis médical en France, en examinant ses aspects réglementaires, ses applications médicales et les perspectives d'avenir de cette approche prometteuse.


Quand est-ce que le cannabis médical est utilisé en tant que traitement ?

L'utilisation du cannabis médical en France est strictement réglementée par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Selon les directives de l'ANSM, le cannabis médical ne doit être prescrit uniquement dans cinq indications spécifiques. Tout d'abord, il peut être utilisé pour traiter les douleurs neuropathiques qui sont réfractaires aux autres thérapies. Ensuite, il peut être prescrit dans le cas d'épilepsies sévères et résistantes aux médicaments classiques. De plus, le cannabis médical peut être utilisé pour traiter certains symptômes rebelles en oncologie, tels que les douleurs et les nausées. Il peut également être utilisé pour soulager la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou d'autres pathologies du système nerveux central. Enfin, le cannabis médical peut être utilisé dans des situations palliatives pour soulager les symptômes liés à des maladies graves en phase avancée.
 

Il est important de noter que le cannabis médical n'est pas un traitement de première intention, mais est proposé lorsque d'autres prises en charge se sont révélées inefficaces ou mal tolérées. Selon Nathalie Richard, directrice du projet cannabis médical à l'ANSM, « le cannabis n'est pas un traitement de première intention. Il est proposé quand les autres prises en charge se révèlent inefficaces ou mal tolérées ». Les effets attendus du cannabis médical sont une action relaxante musculaire pour mieux appréhender la maladie, maîtriser la douleur, améliorer le sommeil, et autres bénéfices potentiels.


Il est également important de noter que le cannabis médical n'est pas réservé aux adultes, mais peut également être utilisé chez les enfants, en particulier dans le cadre du traitement des épilepsies. Cependant, l'utilisation du cannabis médical chez les enfants est aussi strictement encadrée par l'ANSM et doit être réalisée avec prudence et sous surveillance médicale appropriée. En somme, l'utilisation du cannabis médical en France est réservée à des indications spécifiques et fait l'objet d'une surveillance et d'une régulation rigoureuses de la part de l'ANSM pour garantir une utilisation sûre et efficace de cette nouvelle approche thérapeutique.

Peut-on demander à participer à l'expérimentation du cannabis médical en tant que patient ?

Pour participer à l'expérimentation du cannabis médical en France, un patient doit s'adresser à un médecin travaillant dans l'un des 324 centres de référence hospitaliers répertoriés sur le site de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Jusqu'au 24 février dernier, 2 462 patients avaient ainsi pris part à cette expérimentation. Une fois le suivi initial effectué, le médecin généraliste peut ensuite prendre le relais. La délivrance du cannabis médical s'effectue en pharmacies, que ce soit à l'hôpital ou en ville.
 

Il est important de noter que tous les professionnels de santé impliqués dans l'expérimentation doivent avoir été formés au préalable sur les particularités du produit, afin de garantir une utilisation appropriée et sécurisée du cannabis médical.

Sous quelle forme se présente le traitement au cannabis médical ?

Le cannabis médical peut être pris sous forme d'huile ou de fleurs séchées. L'huile est généralement utilisée comme traitement de fond et est ingérée, tandis que les fleurs sont administrées par inhalation à l'aide d'un vaporisateur spécifique, qui chauffe à près de 180 °C sans combustion. Il existe trois types de cannabis médical, différenciés par leurs ratios en tétrahydrocannabinol (THC) et en cannabidiol (CBD), selon Nathalie Richard, directrice du projet cannabis médical à l'ANSM. Il y a le THC dominant, utilisé principalement comme antidouleur, le CBD dominant, utilisé pour ses propriétés antiépileptiques, et la version équilibrée entre THC et CBD. La posologie est basée sur l'expérience de pays étrangers, tels que le Canada ou les Pays-Bas, où le cannabis médical est utilisé depuis longtemps.


Il est important de noter que la prescription du cannabis médical doit être rédigée sur une ordonnance sécurisée et ne doit pas dépasser une durée de vingt-huit jours, conformément aux règles relatives aux stupéfiants. De plus, contrairement au CBD en vente libre, la titration et la qualité du CBD utilisé dans le cannabis médical sont systématiquement contrôlées pour assurer la sécurité et l'efficacité du traitement.

D'où proviennent les produits de cannabis médical ?

La provenance des produits du cannabis médical se fait principalement par l'importation de pays tels que l'Australie, le Canada, le Portugal et Israël. Ces fournisseurs étrangers doivent se conformer à des normes strictes établies dans un cahier des charges précis, et chaque fournisseur est associé à un laboratoire pharmaceutique français pour gérer l'exploitation. De plus, les produits sont régulièrement contrôlés par des laboratoires de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour garantir leur qualité, conformément aux exigences des médicaments. Toutefois, il convient de noter qu'un décret récent paru en février autorise désormais la culture de cannabis médical en France, ce qui pourrait potentiellement modifier le circuit d'importation exclusif dans les années à venir.

Quels sont les résultats après deux ans d'expérimentation du cannabis médical ?

Le bilan à deux ans de l'expérimentation du cannabis médical est basé sur un registre national électronique de suivi appelé Recann, qui est rempli par les professionnels de santé à chaque consultation pour chaque patient. Ce système de surveillance permet de recueillir des données précises et exhaustives sur les bénéfices, mais aussi les problèmes ressentis par les patients.
 

Selon Nathalie Richard, il n'y a pas eu de nouveaux risques identifiés par rapport à ceux déjà connus. Au cours des vingt premiers mois de l'expérimentation, 2 282 effets indésirables, dont 59 cas graves, ont été signalés dans le registre. Les principaux effets indésirables sont liés aux troubles du système nerveux central (vertiges, somnolence...), aux problèmes gastro-intestinaux (nausées, constipation...) et aux répercussions psychiatriques (dépression...).
 

En ce qui concerne le risque d'addiction, les cas sont très peu nombreux dans ce contexte de contrôle renforcé, selon les données recueillies. Il est important de noter que le Recann permet de suivre de près les effets indésirables et d'adapter les traitements en conséquence, contribuant ainsi à la sécurité des patients sous cannabis médical.
 

Ainsi, le bilan à deux ans de l'expérimentation du cannabis médical montre que les données issues du registre national de suivi sont précises et permettent d'identifier les effets indésirables, sans relever de nouveaux risques majeurs par rapport à ceux déjà connus. Le risque d'addiction est également limité dans le cadre de cette expérimentation sous contrôle renforcé.

Pas de risque de dérive : L'expérimentation du cannabis médical en France est sous surveillance stricte pour éviter tout abus.

En France, la vente et l'utilisation de cannabis récréatif sont interdites, bien que les Français en soient les plus gros consommateurs européens. Cependant, le cannabis médical est considéré comme un médicament et est soumis à une expérimentation approuvée par l'Assemblée nationale fin 2019. Cette expérimentation est supervisée par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et est encadrée par un comité scientifique temporaire de suivi, composé de médecins, de patients et de représentants de la pharmacovigilance.


Grâce à cette surveillance rigoureuse, l'ANSM assure qu'il n'y a aucune dérive vers une utilisation illicite du cannabis médical en France. Les données sont consignées dans un registre national électronique de suivi (Recann) rempli par les professionnels de santé à chaque consultation et pour chaque patient, permettant de détecter tout effet indésirable ou problème potentiel. A ce jour, les risques de dérive vers une utilisation illicite du cannabis médical en France sont minimisés grâce à ce système de contrôle renforcé.

Quelle est l'efficacité du traitement ?

L'efficacité du traitement n'est pas évaluée avec des chiffres précis dans le cadre de l'expérimentation en cours. En effet, cette expérimentation n'est pas un essai clinique visant à évaluer le rapport bénéfice-risque du cannabis médical, mais plutôt à tester de nouvelles politiques publiques. Néanmoins, les médecins interrogent régulièrement leurs patients sur la tolérance du produit et les améliorations qu'il leur apporte lors des consultations, qui ont lieu au moins tous les mois lors du renouvellement de l'ordonnance. Jusqu'à présent, 277 patients, soit 12 % du total, ont quitté l'expérimentation en raison d'une inefficacité du traitement (statistiques au 13/12/2022). Les retours recueillis dans le registre de suivi sont généralement encourageants, avec des résultats positifs signalés dans la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques, notamment en termes de soulagement des spasmes et des douleurs, ainsi qu'une bonne tolérance du produit, selon le dernier compte rendu de l'ANSM. Par ailleurs, un comité scientifique se réunit régulièrement pour échanger sur l'intérêt du cannabis médical et comparer les informations collectées aux conclusions d'études similaires dans le domaine.

Quelles sont les raisons de la prolongation de l'expérimentation sur le cannabis médical ?

Initialement prévue sur deux ans, l'expérimentation sur le cannabis médical a été prolongée jusqu'au 26 mars 2024, car les autorités de santé exigent des informations supplémentaires sur son efficacité. L'objectif de l'année à venir est d'inclure de nouveaux patients pour recueillir un nombre plus significatif de données. Cependant, il convient de noter que la littérature scientifique sur le cannabis médical ainsi que l'expérience d'autres pays sont concluantes, comme le rappelle Nathalie Richard. Parallèlement à l'expérimentation, quelques essais cliniques sont également en cours en France. Il reste encore à déterminer les conditions de prise en charge du cannabis médical. La prolongation de cette expérimentation permettra ainsi de continuer à collecter des données pour mieux évaluer son efficacité et son utilisation dans le contexte médical en France.

Que conclure ?

En conclusion, compte tenu des informations recueillies jusqu'à présent et des bénéfices potentiels du cannabis médical, il est essentiel que l'expérimentation se poursuive et avance en France. Bien que la prolongation de l'expérimentation puisse être due à la nécessité de collecter davantage de données sur son efficacité, la littérature scientifique existante et l'expérience d'autres pays soutiennent son utilisation médicale. Les résultats encourageants observés chez certains patients, ainsi que les essais cliniques en cours, soulignent l'importance de continuer à explorer le potentiel thérapeutique du cannabis médical pour des conditions de santé spécifiques. Il est donc crucial de continuer à suivre de près cette expérimentation et de promouvoir la recherche et la compréhension approfondie des bénéfices potentiels du cannabis médical en France.